Le libre accès au savoir : un droit fondamental de l’Humanité

Le savoir. Chose à la fois immatérielle et réelle que l’Humanité détient. Il est ce qui la caractérise et ce qui fait son unicité et sa diversité. Le savoir est créé par l’Homme, détenu par l’Homme et partagé par l’Homme ; le savoir n’a nulle autre valeur que celle d’être partagé sans contre-partie. C’est bien là le problème du monde actuel, où les lois marchandes et des organismes illégitimes et criminels décrètent que tout s’achète, tout se vend et que celui qui ne comprend pas ou combat ce système doit être brisé sans remords. Un système où l’Humanité ne compte pas, où le savoir se vend et est détenu par une élite qui veut bien le partager moyennant finance de la part de celui qui le réclame : un véritable crime contre l’Humanité.

Le savoir n’est pas destiné et détenu par les seules élites

Lorsqu’on lit que le directeur de la BNF justifie devant l’Assemblée Nationale le refus de numériser pendant 10 ans plusieurs centaines d’ouvrages au seul prétexte qu’ils n’intéresseraient que les chercheurs, nous avons le témoignage d’une élite rétrograde qui sait qu’elle détient le savoir et qui décide ce que le public a le droit de savoir ou d’ignorer. « Le savoir c’est le pouvoir » ; c’est sur ce principe qu’ont tenus les gouvernements successifs du monde de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle, ceux qui savent ont la légitimité pour commander, la légitimité pour parler et la légitimité pour transmettre ce qu’elle veut transmettre. Le monde actuel est aujourd’hui bouleversé par la chute de ce principe qui a réussi à se maintenir jusqu’à la démocratisation d’Internet.

Fer de lance de cette révolution, Wikipédia a beau avoir ses défauts et être perfectible, il n’en reste pas moins que les principes qu’elle a lancés ont permis au savoir d’échapper au contrôle de ces élites qui détenaient le savoir et le distribuait selon leur bon plaisir. Il ne faut guère s’étonner que les grands combattants de la première encyclopédie en ligne mondiale appartiennent à cette élite qui voit son contrôle sur le savoir s’envoler comme des grains de sable dans le vent ; qui n’a jamais eu peur de perdre ses privilèges et de crier au scandale lorsqu’il les perd ?

L’accès au savoir doit être libre

Qu’est-ce que le libre accès au savoir ? Tout simplement pouvoir accéder au savoir de la manière dont on le désir, quand nous le désirons et dans la quantité que nous le désirons. Le savoir n’a aucune valeur marchande et nul humain ne doit payer pour y avoir accès, tout comme celui qui transmet son savoir à une personne ne doit pas lui demander une rétribution en retour, commettant dans le cas contraire un acte purement immoral. Les licences libres permettent cette diffusion du savoir à l’Humanité sans restrictions et sans contreparties financières.

Cependant, le choix de la licence CC-BY-SA par Wikipédia est très discutable du fait qu’il autorise la réutilisation à des fins marchandes, autorisant des personnes malveillantes à réutiliser le contenu de l’encyclopédie à des seules fins financières. On argumente souvent que cela permet la diffusion par la vente de livres, de disques ou de supports autres qu’Internet, ce qu’une licence comme la CC-BY-SA-NC n’autoriserai pas. Le terme d' »utilisation commerciale » dépend assez souvent du point de vue ; mais on peut considérer que si une personne achète un CD, y grave le contenu de l’encyclopédie et donne le CD à une autre personne en ne lui faisant payer que le prix du CD, cette personne n’a pas fait d’acte commercial, car elle n’a pas gagné d’argent ; l’acheteur a acheté le support (le CD), mais pas le contenu (l’encyclopédie). Cet exemple rentre dans les conditions de la CC-BY-SA-NC, car l’acheteur n’a pas payé pour le contenu. Nous sommes dans le même cas qu’un internaute qui consulte Wikipédia par le web, il paye le support (l’ordinateur + l’abonnement à Internet), mais ne paye pas l’accès au site et à son contenu.

Par conséquence, un savoir où l’échange se fait par simple achat du support est parfaitement moral et libre, car l’acquéreur n’a pas payé pour obtenir le savoir. On pourrait répliquer à cet exemple que ce n’est pas entièrement libre, car cette personne a tout de même payée pour le support, mais la transmission libre du savoir à 100 % ne peut exister que sous une seule forme : la transmission orale qui présente l’inconvénient de voir le savoir déformé au fil du temps. Un savoir fiable sur le long terme nécessitera toujours des frais, mais l’objectif est de réduire autant que possible les frais pour l’acquéreur de faire en sorte qu’il ne verse jamais le moindre centime pour le savoir en lui-même.

Le savoir ne doit pas être contrôlé

Un savoir libre est également un savoir qui n’est contrôlé d’aucune manière, que ce soit pendant sa rédaction ou sa diffusion. Les encyclopédies sont d’excellents vecteurs de diffusion du savoir, car l’être humain peut avoir accès à l’intégralité du savoir de manière organisée et complète. Là où Wikipédia prouve l’indépendance du savoir est le principe de neutralité de point de vue qui permet la diffusion de plusieurs points de vue sur un même sujet, permettant au lecteur d’avoir accès à un savoir complet sur lequel il peut se faire son propre avis. C’est aussi pour cela que les élites critiquent de manière virulente Wikipédia, c’est parce qu’elle offre à ses lecteurs l’intégralité du savoir, même celui qui ne doit pas être transmis, car hérétique pour la pensée très orthodoxe de ces élites. Par leurs critiques, elles expriment aussi leur frustration ne n’avoir pu contrôlé le savoir sur cette encyclopédie et d’avoir arrangé le contenu selon leur volonté, dans leur seul intérêt idéologique et/ou personnel.

Bien entendu, toutes les élites ne sont pas anti-Wikipédia et certaines personnes acceptent aujourd’hui de travailler et de voir leur travail dans une même publication que les gens qui ne sont pas de leur rang. Ces personnes auxquelles on peut rendre hommage souffrent cependant du mépris qu’émettent certains non-experts, expliquant en grande partie la fuite de ces experts dont la participation reste nécessaire à l’encyclopédie. Il serait utopique de penser que le fanatisme n’existe pas des deux côtés et que seul l’une des deux parties est en tort. La véritable encyclopédie est celle qui transmettra un savoir émis par l’Humanité toute entière, ce qui inclut ces élites et ceux qui n’en font pas partie.

Une chose que l’on ne peut pas reprocher à ces élites est leur franchise, car ils admettent eux-mêmes que le savoir n’est plus contrôlé, alors qu’il l’était avant. Elles émettent directement leur panique face à leur perte de pouvoir sur les masses, à la fin de leur monopole et à la fin de leur business. Le peuple, cet amas de bouseux ignorants qui devraient penser comme ils le veulent, se révolte et décide par lui-même de construire lui-même et de transmettre lui-même le savoir, dont celui dont il a été privé durant des siècles.

Licence Creative Commons
Cette œuvre de Juraastro est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Pas de Modification 3.0 non transposé.

Une réflexion sur “Le libre accès au savoir : un droit fondamental de l’Humanité

  1. Pingback: La culture comme bien marchand ? Un crime contre l’Humanité ! | Juraastro

Laisser un commentaire